Voilà un petit post pour revenir sur mes 2 premières semaines passées aux Urgences.
Les Urgences au Japon (de niveau 3), c'est vraiment très diversifié et je ne m'attendais pas à ça! Je pensais que la technologie avait envahie le Japon et ses hôpitaux. Et bien que nenni! On jongle entre modernité et Moyen-âge... (enfin ça c'est vu par les yeux d'une occidentale...)
Par exemple ils ne connaissent pas l'HémoCue : pourtant c'est une petite machine bien utile qui permet de doser dans l'urgence le taux d'Hémoglobine. Le résultat est obtenu dans les 10 secondes. Ici au Japon, ça n'existe pas, alors on attend 30 minutes les résultats du laboratoire.
Voici les différents motifs d'hospitalisation aux urgences que j'ai vu :
- palpitations : mais quand on se rend compte qu'en fait c'est simplement un tableau typique de préménopause on est un peu déçu..., on a eu aussi le coup de l'anémie, la déshydratation et .... l'AC/FA! Il faut dire la population au Japon est vieillissante.
- arrêt cardio-respiratoire
- troubles neurologiques : dont AVC ischémique, état de mal épileptique (je dirais qu'ils ne suivent pas à la lettre les nouvelles recommandations 2010...)
- vertiges
- céphalées : allant de la céphalées due à de l'hypertension, migraine à l'hémorragie méningée.
A noter que nous n'avons pas tout à fait les même recommandations pour le traitement de l'hémorragie méningée. En effet, il est recommandé au Japon de maintenir une tension autour 90/60mmHg. Qui pour nous français est une absurdité. Mais les Japonais diraient la même choses de nos recommandations!
- fracture du plancher de l'orbite : une fois de plus pas les mêmes recommandations. Alors qu'il me semblait que nous étions devant une urgence chirurgicale devant l'incarcération musculo-graisseuse. Au japon ceci n'est pas forcément une urgence chirurgicale. En effet nous avons décidé de réévaluer le patient à 48-72h. Si jamais la motricité de l’œil n'était pas revenue, alors ceci deviendrait une urgence chirurgicale.
- lésions cutanées +/- profondes : quand il y a une plaie qui nécessite d'être nettoyée et suturée, le patients est mis en salle de "traumato" où il y a une "douche". Donc on prends notre pommeau de douche et on asperge la plaie avec l'eau de ville! J'ai demandé si il n'y avait plutôt de l'eau stérile, mais on m'a répondu : au Japon l'eau est clean. Heu... comment dire en France aussi, mais on préfère l'eau stérile...
Cas intéressant et je dirai super cool! Même si en France on dirait que c'est de la folie pure!
Un gars a essayé de suicider en
se plantant un ciseau dans la carotide. Il est arrivé en ambulance, il ne saignait presque plus. Le trou avait la taille de la lame du
ciseau. Alors il a fallu explorer le site, c'est à dire l'ouvrir pour
savoir si les vaisseaux étaient touchés. Pour cela pas besoin d'aller au
bloc opératoire comme en France. Une petite anesthésie locale dans le box des urgences et hop on ouvre avec le bistouri, on
écarte, on regarde, on met un peu d'eau (stérile je crois), les vaisseaux ne sont pas touchés alors on suture. On utilise des gants stériles et un champs
stérile quand même! ;-) Et voilà! Ensuite il a pu tranquillement se faire hospitaliser en psy! (= gain de temps dans la prise en charge)
Vous vous imaginez en France dans le box des urgences vous faire ouvrir comme ça? Et qu'on vous check la carotide?!
Voici les recommandations au Japon, qui sont d'ailleurs pertinentes :
En gros en zone I et III on va au bloc parce que c'est trop compliquer d'explorer aux urgences. En effet trop de nerfs, vaisseaux... et il vaut mieux avoir une imagerie avant.
Zone II, facile à explorer en urgence, imagerie pas forcément nécessaire en 1ère intention.
Le tout en image :